Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/73

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le franchissaient. Esclaves fugitifs, maraudeurs brigands, rebelles trouvaient un asile dans la Rome souterraine, transformée ainsi en foyer insurrectionnel.

Les révolutionnaires mystiques des dix-huitième et dix-neuvième siècles, les carbonari qui, réunis dans des souterrains, voilaient sous des formes allégoriques leurs conspirations en faveur de l’indépendance, reproduisaient plus ou moins consciemment les actes de leurs ancêtres, les chrétiens des premiers siècles. Question d’atavisme, sans doute, plus encore que de pastichage. Sans être un éternel recommencement, l’histoire n’en offre pas moins, à travers les changements d’époques et de milieux, des situations analogues, on pourrait dire parallèles.

Nous approchons de l’événement qui fut, en Europe, la plus forte manifestation du christianisme communiste et populaire : la Bagaudie.

La situation de l’Espagne et de la Gaule était lamentable. De plus en plus, les cités se dépeuplaient, les champs restaient déserts, le soldat, abandonnant ses drapeaux, retournait à son métier naturel, le brigandage ; les routes devenaient moins sûres que des forêts. Et, conséquence naturelle, à mesure que grandissaient la misère et le mécontentement, la nouvelle croyance étendait ses racines. Les violentes persécutions la servaient en attirant l’attention sur ses doctrines et ses adhérents. Petits artisans, cultivateurs ruinés, esclaves mettaient toute espérance en un Évangile qui leur criait par des milliers de propagandistes : « égalité ! rédemption ! » Que leur importaient, à ceux-là, les subtilités théologiques !