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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/74

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Mieux que les ergoteurs de Grèce, ils comprirent que leur salut était en ce monde et qu’ils devaient se sauver eux-mêmes.

Sous Commode, un peuple d’affamés se souleva en Espagne et en Gaule à la voix du soldat Maternus. Cette rébellion, ébauche de celle qui, un siècle plus tard, mit debout les prolétaires gaulois, eut un caractère social, bien plus que politique ou religieux. Elle compta évidemment des païens et des chrétiens ; les idées étaient confuses, les uns, les chefs, agissant par ambition et pour leur propre compte ; d’autres, écrasés par l’oppression, voulant un changement quel qu’il fût ; bon nombre, enfin, ayant des aspirations nettement communistes, — le communisme n’est-il pas, d’ailleurs, entretenu par la vie des camps ?

Aux paysans qui, à bout de misères, désertaient la charrue, se joignaient des soldats désertant leurs drapeaux. Les révoltes militaires qui, tant de fois, bouleversèrent l’empire romain, ont, en général, été étudiées à un point de vue par trop conventionnel. On n’a pas assez recherché quelle dose de besoins matériels à satisfaire entrait dans ces rébellions ; on s’est représenté l’armée plus étrangère qu’elle ne l’était au milieu social dans lequel elle vivait, ayant érigé l’émeute en passe-temps, faisant et défaisant les souverains au gré de son humeur capricante. Il n’en fut pas ainsi : par suite de l’enchérissement de tous les objets, la solde des légionnaires, obligés pendant longtemps de se nourrir et de s’équiper eux-mêmes, était devenue insuffisante. La plus grossière chaussure valait vingt-deux francs cinquante