Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en plus l’individu sous le despotisme de l’État, engendrent la révolte. Rome avachie murmure, l’Égypte frondeuse se mutine, la Gaule plébéienne se lève.

De nouveau, le coq rouge déploie ses ailes et, mille ans avant les Jacques, couvre la vieille terre de Vercingétorix. Villes et campagnes s’agitent, s’insurgent : de la Seine au Rhône, d’Amiens à Arles, de Trêves à Marseille, l’ennemi héréditaire est encore une fois, attaqué.

Les écrivains qui recueillent soigneusement les faits et gestes des personnages célèbres, vouant à la postérité le cheval de Caligula et le moineau de Lesbie, n’ont pas retracé dans ses détails la grande épopée bagaude ; la plupart l’ont résumée en un mot d’insulte : brigandage. Eh ! certes, les Bagaudes furent des brigands comme l’ont été après eux les Pastoureaux, les Jacques, les Hussites, les Anabaptistes, les Camisards, les Communards, en un mot, tous ceux qui luttèrent contre l’ordre social et à qui il ne manqua qu’une chose pour être absous et glorifiés : la victoire !

Salvien, prêtre du cinquième siècle, est à peu près le seul qui ait élevé la voix en faveur des malheureux poussés à la révolte, disait-il, par la misère et les vexations. Il plaide avec chaleur les circonstances atténuantes et l’on sent par moments que cette défense devient un véritable réquisitoire contre l’avidité et l’oppression romaines.

Bizarrerie historique : de tout temps, les révoltés ont imité les formes de la société qu’ils voulaient détruire. Les Bagaudes, à l’instar de leurs ennemis,