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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/88

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se donnèrent un Auguste et un César : Ælianus et Amandus. C’étaient deux officiers romains « de médiocre capacité, » disent les historiens qui ne peuvent guère le savoir et qui jugent le plus souvent du mérite par le succès. Tout au moins, le fait de s’être mis à la tête d’une insurrection aussi foncièrement plébéienne dénote un caractère énergique.

Autant qu’on a pu en conjecturer par les médailles et emblèmes retrouvés depuis, l’un de ces chefs était chrétien, l’autre païen. Leurs soldats appartenaient aux deux religions rivales, mais principalement à celle qui, toute sophistiquée qu’elle était par les évêques ergoteurs, continuait de s’adresser aux plébéiens et aux esclaves. Le fait même de la coexistence de ces deux religions dans l’armée bagaude prouve que le christianisme populaire n’avait encore rien de son sectarisme. D’ailleurs, il était vraiment question de dogmes, alors que la guerre sociale multipliait ses horreurs ! palais et cabanes incendiés, champs dévastés, riches et fonctionnaires égorgés, nobles dames et plébéiennes violées, rebelles torturés, surprises, embuscades, représailles atroces ; de part et d’autre, nulle pitié.

Aux cris d’angoisse des patriciens, Maximin, récemment créé César, accourt : un torrent de guerriers roule du haut des Alpes vers la Gaule soulevée. Pour remettre sous le joug ces esclaves qui osent briser leurs chaînes, l’empereur fait venir des mercenaires de partout : Italiens, Barbares, Africains même, car on a levé des troupes à Thèbes d’Égypte et ces troupes sont justement chrétiennes ! Admirable hasard ou profonde habileté de Maximin qui, pour