Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/569

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M. le marquis de l’Hôpital en a composés, et qu’il va donner incessamment au public, auxquels on peut ajouter la Géométrie de M. Descartes avec les commentaires de Schooten. Enfin-on s’appliquera au calcul différentiel et aux méthodes qu’on en tire pour l’intelligence des lignes courbes, ce qu’on trouvera traité à fond et avec beaucoup d’ordre et de netteté dans l’excellent ouvrage du marquis de l’Hôpital, intitulé Analyse des infiniment petits.

On trouvera aussi le calcul différentiel et ses usages dans la 2° partie du 2* volume de l’Analyse démontrée, et le calcul intégral avec la manière de l’appliquer aux lignes courbes, aux problèmes mêlés de physique et de mathématique, dans la 3° partie., Par la lecture de ces ouvrages, on se mettra en état de faire soi-même des découvertes et d’entenrlre celles qui se trouvent dans les Mémoires de l’Acaclémie des sciences et dans les ouvrages des étrangers.

Lorsque l’on aura étudié avec soin et avec application ces sciences générales, on connaîtra avec évidence un très-grand nombre de vérités fécondes pour toutes les sciences exactes et particulières. Mais je crois devoir dire qu’il est dangereux de s’y arrêter trop long-temps. On doit pour ainsi dire les mépriser on les négliger pour étudier la physique et la morale, parce que ces sciences sont beaucoup plus utiles, quoiqu’elles ne soient pas si propres pour rendre l’esprit juste et pénétrant. Et si l’on veut toujours conserver l’évidence dans ses perceptions, on doit bien prendre garde à ne se pas laisser entêter de quelque principe qui ne soit pas évident, c’est-à-dire de quelque principe dont on peut concevoir que les Chinois ne tomberaient point d’accord après qu’ils l’auraient bien considéré.

Ainsi pour la physique il ne faut admettre que les notions communes à tous les hommes, c’est-à-dire les axiomes des géomètres et les idées claires d’étendue, de figure, de mouvement et de repos, et, s’il y en a, d’autres aussi claires que celles-là. On dira peut-être que l’essence de la matière n’est point l’étendue, mais qu’importe ? Il suffit que le monde que nous concevrons être forme d’étendue, paraisse semblable à celui que nous voyons, quoiqu’il ne soit point matériel de cette manière qui n’est bonne à rien. dont on ne connaît rien, et de laquelle cependant on fait tant de bruit.

Il n’est pas absolument nécessaire d’examiner s’il y a effectivement au-dehors des êtres qui répondent à ces idées, car nous ne raisonnons pas sur ces êtres, mais sur leurs idées. Nous devons seulement prendre garde que les raisonnements que nous faisons