Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/591

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deur et la figure des pores de l’aimant par lesquels ces petits corps traversent, il faudrait encore faire d’autres expériences ; mais cela nous conduirait où nous ne voulons pas aller, et où nous pourrions bien nous ógarer. On peut consulter sur ces questions les principes de la philosophie de M. Descartes, non pour suivre aveuglément les sentiments «le ce savant philosophe, mais pour s’accoutumer à sa méthode de philosopher. Je dis seulement, pour répondre à une objection qui frappe d’abord, d’où vient que ces petits corps ne peuvent rentrer par les pores d’où ils sont sortis ; qu’outre une grandeur ou une figure déterminée capable de produire cet effet, l’inflexion «les petites branches qui composent ces pores peut obéir en un sens aux petits corps qui les traversent, et se hérisser et leur fermer le passage en un autre sens. Le courant continuel de la matière subtile d’un pôle à l’autre, dans les pores de l’aimant, suffit même pour empêcher qu’elle ne rentre par les pores dont elle est sortie ; car une partie de cette matière ne peut pas vaincre ce courant pour se faire passage dans les pores dont elle est sortie, ni dans ceux du pôle de même nom, qui ont un courant contraire. De sorte qu’il ne faut point être trop surpris de la différence des pôles de l’aimant ; car cette différence peut être expliquée en bien des manières, et il n’y a de la difficulté qu’a reconnaître la véritable.

Si l’on avait tâché de résoudre la question que l’on vient d’examiner, en commençant par les petits corps qu’on suppose sortir de l’aimant C, on aurait trouvé la même chose, et l’on aurait aussi découvert que l’air est composé d’une infinité de parties qui sont dans une agitation continuelle ; car sans cela il serait impossible que l’aimant c pût s’approcher de l’aimant C. Je ne m’arrète pas à expliquer ceci, parce que cela n’est pas difficile.

Voici une question plus composée que les précédentes et dans laquelle il faut faire usage de plusieurs règles. On demande quelle peut être la cause naturelle et mécanique du mouvement de nos membres.

L'idée de cause naturelle est claire et distincte, si on l’entend comme je l’ai explique dans la question précédente ; mais le terme de mouvement de nos membres est équivoque et confus, car il y il plusieurs sortes de ces mouvements : il y en a de volontaires, de naturels et de convulsifs. Il y a aussi différents membres dans le corps de l’homme. Ainsi, selon la première règle, je dois demander auquel de ces mouvements on souhaite de savoir la cause. Mais si on laisse la question indéterminée, afin que j’en use à mon choix. j’examine la question de cette sorte.

Je considère avec attention les propriétés de ces mouvements :