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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/17

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Racan et Des Réaux l’ont accommodée [1]. Il nous reste à préciser le rôle que le poëte a joué dans la littérature française. Malherbe, quoi qu’il en ait pu dire, quoi qu’on l’ait répété à satiété, Malherbe ne fut point un novateur. Il n’a inventé ni un mot, ni la forme d’une stance, ni une tournure de phrase. Ce n’est point par l’ imagination qu’il brille ; tout ce qu’il a mis en œuvre, il le doit à ses devanciers, qu’il étudia jusqu’à l’âge de quarante ans, avant de s’essayer à les suivre. Ses notes sur Desportes, qui subsistent encore ; celles qu’il avait faites sur Ronsard et qu’il a peut-être pris soin de faire disparaître lui-même, après avoir raturé, dans une boutade trop citée, le peu qu’il avait laissé subsister du grand poëte de la Renaissance, tout enfin prouve qu’il avait profondément analysé la poésie du XVIe siècle.

Son grand, son vrai, son seul mérite est d’avoir été doué d’un goût fin, délicat et pur ; c’est d’avoir su merveilleusement choisir et d’avoir mis en œuvre mieux que personne les trésors recueillis par lui dans l’œuvre des génies admirables, mais trop luxuriants, qui l’avaient précédé dans la carrière.

Parmi ces opulentes moissons de fleurs, il a trié les plus fraîches, les plus odorantes ; dans ces mon-

  1. On peut lire la vie de Malherbe par Racan dans les Œuvres de Racan (Paris, Jannet, 1857, 2 vol. in-16 elzévirien), éditées par T. de Latour ; dans les Œuvres de Malherbe (Paris, Hachette, 1862-1869, 5 vol. in-8 ), publiées par M. Ludovic Lalanne ; dans les Poésies de Malherbe (Paris, Charpentier, 1874, gr. in-18), données par M. Becq de Fouquières, etc., etc.