Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/32

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Vous qui de nos haines civiles
Ferez la racine mourir ;
Et par vous la paix asseurée
N’aura pas la courte durée
Qu’esperent infidellement,
Non lassez de nostre souffrance,
Ces François qui n’ont de la France
Que la langue et l’habillement.

Par vous un Dauphin nous va naistre,
Que vous-mesme verrez un jour
De la terre entiere le maistre,
Ou par armes ou par amour ;
Et ne tarderont ses conquestes,
Dans les oracles déja prestes,
Qu’autant que le premier coton
Qui de jeunesse est le message
Tardera d’estre en son visage
Et de faire ombre à son menton.

O ! combien lors aura de veuves
La gent qui porte le turban !
Que de sang rougira les fleuves
Qui lavent les pieds du Liban !
Que le Bosphore, en ses deux rives,
Aura de sultanes captives !
Et que de meres, à Memphis,
En pleurant diront la vaillance