Aller au contenu

Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qu’il ne provoque point l’envie
Du mauvais sort contre sa vie,
Et puis que, selon son dessein,
Il a rendu nos troubles calmes,
S’il veut d’avantage de palmes,
Qu’il les acquiere en vostre sein.

C’est là qu’il faut qu’à son genie,
Seul arbitre de ses plaisirs,
Quoy qu’il demande, il ne denie
Rien qu’imaginent ses desirs ;
C’est là qu’il faut que les années
Luy coulent comme des journées,
Et qu’il ait dequoy se vanter
Que la douceur qui tout excede
N’est point ce que sert Ganimede
A la table de Jupiter.

Mais d’aller plus à ces batailles
Où tonnent les foudres d’enfer,
Et lutter contre des murailles
D’où pleuvent la flamme et le fer,
Puis qu’il sçait qu’en ses destinées
Les nostres seront terminées,
Et qu’aprés luy nostre discord
N’aura plus qui domte sa rage,
N’est-ce pas nous rendre au naufrage,
Aprés nous avoir mis à bord ?