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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/35

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Cet Achille, de qui la pique
Faisoit aux braves d’Ilion
La terreur que fait en Afrique
Aux troupeaux l’assaut d’un lyon,
Bien que sa mere eust à ses armes
Adjousté la force des charmes,
Quand les destins l’eurent permis,
N’eut-il pas sa trame coupée
De la moins redoutable épée
Qui fust parmy ses ennemis ?

Les Parques d’une mesme soye
Ne devident pas tous nos jours ;
Ny tousjours par semblable voye
Ne font les planettes leurs cours.
Quoy que promette la Fortune,
A la fin, quand on l’importune,
Ce qu’elle avoit fait prosperer
Tombe du feste au precipice ;
Et, pour l’avoir tousjours propice,
Il la faut tousjours reverer.

Je sçay bien que sa Carmagnole,
Devant luy se representant
Telle qu’une plaintive idole,
Va son courroux sollicitant,
Et l’invite à prendre pour elle
Une legitime querelle ;