Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/48

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peine il a vu le foudre
Parti pour le mettre en poudre,
Que, faisant comparaison
De l’espoir et de la crainte,
Pour éviter la contrainte
Il s’est mis à la raison.

Qui n’eût cru que ces murailles,
Que défendait un lion,
Eussent fait des funérailles
Plus que n’en fit Ilion ;
Et qu’avant qu’être à la fête
De si pénible conquête
Les champs se fussent vêtus
Deux fois de robe nouvelle,
Et le fer eût en javelle
Deux fois les blés abattus ?

Et toutefois, ô merveille !
Mon roi, l’exemple des rois,
Dont la grandeur nonpareille
Fait qu’on adore ses lois,
Accompagné d’un génie
Qui les volontés manie,
L’a su tellement presser
D’obéir et de se rendre,
Qu’il n’a pas eu pour le prendre
Loisir de le menacer.