Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/15

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Orc voulant donner tout à nature,
Et ne trouvant à tes raisons de lieu,
Tu dis ainsi : non, il n’est point de Dieu
Ce n’est qu’abus ; tout marche à l’aventure.

Cieux trop bénins à si parjures testes,
Comme oyez vous si long tems depiter
Le Tout-Puissant sans en terre jeter
L’orage épais de cent mile tempestes ?

Et toy, Seigneur, qui tiens ès mains la foudre.
Comme entens-tu ces tigres blasfémer
Ton nom si saint, sans tes mains desarmer
Dessus leurs chefs, et les réduire en poudre ?

Nier un Dieu ! nier sa propre essence !
Se dire fait, et nier son facteur !
Voir l’univers et nier son auteur !
O trop maline et trop lourde impudence !

Méchant athé, tu sçauras bien connoistre
L’œuvre d'un homme au milieu des desers,
Voyant un toit ; et voyant l’univers,
Tu ne sçaurais reconnoistre son maistre !

Lève les yeux, voy cette grande boule
A clouz dorés, brillante tout autour,
Voy ses deux feux pour la nuit et le jour,
Voy comme encor sans repos elle roule.