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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1070

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veut que les noms des éléments et des phénomènes primitifs, ceux des saisons, des corps célestes, ou exprimant l’heure et les divisions du temps, le spectacle naturel, les organes de votre corps scs poses et ses gestes; tout le langage de la vie, à dater du bégaiement de l’enfant, jusqu’à l’âge des passions. telles que la colère, l’indignation, etc., même la plaisanterie, soient Saxons : tandis que, Classique ou Français, le Vocabulaire d’une civilisation plus avancée, impliquant la complexité dans les sentiments et maint besoin physique et idéal que satisfait l’industrie, la Science et l’Art ? Une seule objection à tout ceci, pour n’en point faire cent : comment sc Ait famille ? family, de familia; l’un des mots, certes, les plus « familiers » d’une langue. Qu’on discontinue cette recherche vaine, avant trait à la prédominance de l’un des éléments de l’Anglais sur l’autre, aussi purement national. A cause de cela seul (qui suffit) : à savoir qu’il n’a existé d’Anglais qu’après que ce qui est aujourd’hui le Français, ou la langue d’Oil du xie siècle, se fut mêlé à l’Anglo-Saxon d’alors. Voilà. Ni naturel ni factice, notre apport : mais les deux à la fois, puisqu’on l’emprunta tout formé, mais qu’il se déforma; tel est, dans l’ensemble de faits impliqué par le cas présent, le travail linguistique qui répond à l’un et à l’autre de ces termes habituels au Philologue. Rêverie interdite à la Science (voyant forcément le seul côté des choses l’intéressant) que d’étudier si tel élément, parce qu’il est le primitif, est le suprême. Tout au plus quelque savant pourrait-il, dans un mémoire curieux, poser ce doute : En supposant que l’invasion Normande ne se fût pas effectuée, en 1066, avec Guillaume le Conquérant, trouve-t-on, dans l’Anglo-Saxon d’alors, une vitalité et une force suffisantes, pour que ce langage, par des modifications dues à l’action du temps, produisît, à soi tout seul et sans levain étranger, quelque chose d’assimilable à l’Anglais d’aujourd’hui. L’Allemand, oui, langue germanique pure, s’est développé de la sorte. Mille et mille cas spéciaux venus à l’esprit d’un Lecteur ou de l’autre, ont pu, au fur et à mesure de la marche de ce tome, en être élagués par le fer impitoyable de la logique, prête à se tailler des voies directes et sûres ; et ne pas trouver place : ils s’évanouirent. Oue votre mémoire leur prête un refuge. Très importantes et bifurquant au point où l’on en est, l’une vers le lointain immémorial et l’autre vers un passé encore mêlé de futur, restent plusieurs Considérations,