Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1220

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bien qu’011 l'identifie avee l'Arès grec et bien que le nom appartienne à la même racine, l’idée du Mars latin est de beaucoup la plus noble et la plus haute en dignité. Détails : les Osques et les Sabins l’appelaient Mamers, et la forme romaine de Mars est une contraction de Mavors ou Mavers. Une légende a trait à ce dieu : on parle de lui comme du père de Romulus et de Rémus, fils jumeaux de la vestale Ilia; mais ne voyez là que deux noms qui sont des formes différentes du même mot. Les fables relatives à ees frères illustres s’accordent particulièrement avee celles qu’on raconte d’Œdipe, de Télèphe et d’autres héros. Quoi ! Romulus et Rémus n’auraient point existé réellement. Nous n’avons aueune raison de penser qu’il y ait dans leur fait quoi que ce soit d’historique : c’est simplement T Eponyme de Rome; en d’autres termes, un être, double ici, inventé pour justifier le nom d’une cité, tout eomme Pélasge, Lélex, Sparte, Orehomène et une légion d’autres, le furent par les Grees. Semblable à Héraclès et à d’autres héros, ce couple s'évanouit dans le tonnerre et les éclairs de l’orage, et pour cela, dit-on, il fut adoré sous le nom de Quirinus. L’APHRODITE GRECQUE ET LA VÉNUS LATINE (Grec : Aphroditè.) PHRODITE*. — On dit qu’elle jaillit de la brillante /A éeume de la mer, et fut, en conséquence, appelée Aphrodite {aphros, mousse) et Anadyomène (celle qui se lève). Toutefois une autre naissance, plus humaine, lui a été assignée : selon certains contes, elle était l’enfant d’Oura-nos (les eieux) et de Héméra (le jour) ; mais dans T Iliade on l’appelle la fille de Zeus et de Dioné. Qu’cst-elle originairement ? Un nom de l’aurore, qui sc lève de la mer, à l’Est ; et eomme l’aurore est le plus charmant spectacle de la nature, Aphrodite devint naturellement pour les Grees la déesse de la beauté et de l'amour. Rien là qui ne s’aecorde avec les légendes d’autres pays; car dans les plus vieux hymnes védiques des Hindous, le matin s’appelle Duhitâ Divah, la fille de Dyaus, exactement comme Aphrodite est la fille de Zeus. Un autre nom désigne aussi l’heure du matin dans ces hymnes : Arjunô, la « brillante » ou « l’étin-eelante », qui se retrouve dans la mythologie grecque sous

  • Ce nom de deite grecque possède, par exception, cette traduction française : Aphrodite, avec un e muet.