Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De ces trois articles aucune copie, aucun brouillon ni fragment n’a été jusqu’à présent découvert. En revanche on trouvera ici, soit parmi les « Proses de Jeunesse », soit parmi les « Proses diverses » maint article ignoré depuis près d’un siècle, perdu dans des publications provinciales ou parisiennes, et qui ne sont pas sans fournir des éléments à l’étude du poëte et à celle de la formation de son style. Au-dessous du titre de chacune des pièces, vers ou prose, on trouvera l’indication du lieu et de la date de sa composition, chaque fois qu’un document : manuscrit, lettre, publication, nous a permis de les connaître avec précision. Encore que nous considérions comme presque sacrilèges les commentaires dits littéraux des poèmes de Mallarmé et leur mise en prose descriptive ou didactique, nous donnerons, sans céder au jeu facile de les opposer, quelques exemples des interprétations connues. Voici les trois pièces dont il a été question plus haut : L’ANGE GARDIEN ( narration ) Dans l'antiquité, chaque famille, chaque homme avait son dieu protecteur, il y en avait, aussi, qui gardaient les bornes des champs, d’autres les fontaines, les neuf muses présidaient aux beaux-arts, mais toutes ces idées du paganisme étaient empruntées à celles de la Chrétienté. Les dieux pénates, étaient leurs anges gardiens auxquels ils donnaient ce nom. Car ici-bas, chacun a son bon ange, depuis le berceau jusqu'à la tombe. C’est l’ange qui étend son aile protectrice sur le berceau de l'enfant et le protège contre mille et mille petits dangers. Oui est-ce donc aussi lorsque le jeune enfant commence à marcher dans la verte prairie, qui donc détourne la vipère de la fleur qu’il cueille ? si ce n’est son bon ange ! Qui est-ce donc aussi lorsque l'enfant commence à étudier les premiers éléments des sciences, qui donc lui donne du courage quand il est abattu ?... Si ce n'est son bon ange ! Et quand l’écolier est devenu homme et qu'il médite un brillant avenir, oh ! pourquoi bon ange cachez-vous votre tête sous votre blanche aile, et pourquoi pleurez-vous ainsi ?... Ah! je le comprends, c’est que vous avez aperçu que l’avenir du jeune homme ne sera pas comme il le pense et qu’il doit vous coûter bien des chagrins. Et lorsqu’il est lancé au milieu du monde, seul vous veillez autour de lui, seul vous ne le quittez jamais, vous remplacez “,,e ,nm il a peut-être perdue. Puis quand ses cheveux commencent à blanchir, que sa vie est prête à se terminer, oh ! bon ange, vous dissipez toutes les sombres pensées de la mort qui l’environne, et vous soulagez ta vieillesse. Et au moment suprême, je vous vois an chevet du lit pleurant et priant... Oh ! Qu'avez-vous donc ? quel sombre nuage obscurcit votre front ? Ah ! c’est que vous apercevez démon qui cherche aussi, lui, à avoir l’âme de l'agonisant...