Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1429

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le président du septième banquet, ce pur poëte, cet homme délicieux, Stéphane Alallarmé, se lève, prend sa coupe et d’une voix sonore, quoique mal assurée, dit l’exquis poëme qui s’inscrit au fronton de cette revue. Aussitôt les mains des convives font retentir la salle de bravos retentissants : trois ovations successives soulignent d’affection sincère la gloire du maître, étonné, lui, l’intransigeant esthéticien, de cette unanimité dans l’enthousiasme... » Un manuscrit (collection II. Mondor) présente cette seule variante : Vers 10 : Sans craindre même le tangage. Dans ses commentaires, M. Charles Mauron (Stéphane Mallarmé. Poems translated by Roger nith commentantes by Charles Mauron, Chatto and Windus, London, 1936) dit que pour le poëte, cc sonnet est un toast, « sans plus d’importance ou de poids que la mousse de champagne dans le verre levé » ; puis le mot « écume » évoquant l’idée de la mer, Mallarmé voit dans cette pétillante écume une troupe de sirènes qui plongent et jouent : le mot « sirène » lui permet de glisser à l’idée suivante : un voyage en mer est une aventure et c’est aussi une aventure que la vie littéraire d’un groupe de jeunes gens. » Une analyse de ce poëme se trouve, p. 310 et suivante de la Poésie de Stéphane Mallarmé par Albert Thibaudet. P. 28. LE GUIGNON (Sens, 1862 — Paris, 26-28 avril, 1887.) Ce poëme parut d’abord, incomplètement, dans le numéro du 15 mars 1862 de la revue P Artiste et fut publié sous sa forme intégrale, mais première, dans le numéro du 17-24 novembre 1883 de la revue Latlcce : puis dans le recueil des Poètes Slandits de Paul Verlaine, en 1884 : dans le Décadent du 20 novembre 1886 et la Revue Rare de janvier 1887, enfin dans l’édition photo-lithographiée des Poésies, la même année, en tète du Ier Cahier, intitulé Premiers Poèmes. La version publiée en 1862 dans /’Artiste ne peut, à vrai dire, être considérée que comme fautive : elle ne reproduit que cinq tercets d’un poëme qui, complet, en compte vingt, augmentés, comme il se doit dans un poëme en tierce-rime, d’un vers isolé. Ce dernier vers isolé manque à la pièce donnée par P Artiste : le mot « glaive » y reste sans rime, attestant que l’on se trouve bien là en présence non point d’une première esquisse moins développée, mais d’un poëme arbitrairement ou distraitement tronqué. Il n’est pas vraisemblable que Mallarmé ait opéré lui-même cette mutilation : la revue doit en être responsable, d’autant que l’on connaît (dans la collection Henri Mondor) un manuscrit de ce poëme complet et daté de 1862 dont le texte, pas plus que celui que nous voyons dans une suite d’autographes (que nous appellerons le Manuscrit Aubanel pour avoir jadis appartenu à l’auteur