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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1445

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d’archet qui donnent le la. Si vous pouviez moins bien faire, vous feriez peut-être mieux : mais je crois qu’il faut se prendre comme on est... » Le second des vers cités atteste que parmi ces poèmes se trouvaient les Fleurs que Mallarmé envoyait à Henri Cazalis dans une lettre de Tonrnon mercredi saint lS6j, lettre fort découragée, à laquelle, le jour de Pâques, Cazalis répondait par ces lignes enthousiastes : « Quels beaux vers, quels vers sublimes tu m’as envoyés : je les ai lus tout de suite à Mme Le Josne, ta lettre aussi... Tu es poète, grand poëte ; tu dois vivre. Les fleurs, — les fleurs vivantes, les fleurs qui vont naître, non ces fleurs du rêve que nous respirons si délicieusement, mais qui nous tuent, si elles pouvaient te sauver, te faire revivre. » A la même époque, Emmanuel des Essarts, à qui Mallarmé avait également adressé ce poëme, lui écrivait : « J’ai donné tes Fleurs à la nouvelle R«w de Paris... » Ce poëme n’y parut pas, mais seulement, deux ans plus tard, on le vit dans le Parnasse Contemporain. Cette pièce avait, par sa beauté, frappé tous les amis du poëte. Très peu de temps après la visite qu’en septembre 1864, à Choisy-le-Roi, Mallarmé avait faite à Catulle Mendcs, visite au cours de laquelle il avait fait la connaissance de Villiers de l’Isle-Adam, Mendès lui écrivait : « Avez-vous besoin de vous confiner dans le spleen ? et quand on a fait des pièces comme les Fleurs et un vers comme celui-ci : Où rougit la pudeur des aurores foulées (Villiers me récite ce vers pendant que j’écris) ne doit-on pas profiter de son talent et chanter un peu dans la joie ? » La citation de ce vers montre bien qu’il s’agissait d’un premier état, tel que nous le trouvons dans le Manuscrit Aubanel (coll. H. M.) peu différent pour les quatre premières strophes, très différent pour les deux dernières : Str. 1, vers 3 : Alon Dieu, tu détachas... Str. 2, vers 1 : Le glaïeul fauve, où vont les cygnes au col fin Str. 2, vers 3 : ... d’un séraphin Str. 2, vers 4 : Où rougit la pudeur des aurores foulées Str. 5, vers 2 : ... O mon Père, hosannah du profond de nos limbes ! A jamais hosannah dans l’or des jours sans soirs, Par l’azur du rayon, et le frisson des nimbes ! Car, n’oubliant personne en ton charmant effort, Tu donnas, lui montrant son devoir sans mensonge, De fortes fleurs versant comme un parfum la mort Au poëte ennuyé que l’impuissance ronge.