Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1566

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La Bibliothèque Jacques Doucct (Université de Paris) en possède un manuscrit qui porte le titre de Trois poëmes en prose. Le 13 mai 1864, Mallarmé recevait de son ami Eugène Lcfébure la lettre suivante : « Je me hâte de vous donner mon avis sur vos poèmes. J’en trouve l’idée originale et juste : la forme en est fouillée d’une manière exquise comme tout ce que vous écrivez; vous avez partout de rares bonheurs d’idées et de mots. Baudelaire, en paysages surtout est neuf, étrange et puissant... Oui Gauthier (rz?) est bien la perfection grecque, Baudelaire le parfum du péché et Banville la poésie jeune. Toutefois il me semble qu’en peintre ami, vous avez un peu flatté vos portraits. Banville surtout se trouvera grandi... S’il y a profusion de lauriers, ils ne s’en plaindront pas, I am sure. Ils ne sc plaindront pas non plus du petit miracle que vous avez fait : je veux dire qu’en les peignant, vous vous êtes peint vous-même et que vous avez mis quatre poètes dans trois... » Comme Mallarmé communiquait alors à son ami Lefébure tout ce qu’il composait, aussitôt qu’aehevé, on peut en conclure que cette Symphonie littéraire dut être terminée à la fin d’avril et que l’auteur en fut assez satisfait pour penser à la publier aussitôt. En effet, dans une lettre à Albert Colignon, directeur de la Revue Nouvelle, le 26 juin 1864, il disait : « Si vous aviez encore Trois poëmes en prose que je vous avais envoyés il y a environ six semaines, je vous serais bien obligé de me les adresser, car je n’en ai qu’un brouillon incomplet. » Le texte de cet état de la Symphonie Littéraire, envoyée à Colignon, peut-être le premier (collection H. M.), semble être semblable à celui qui aurait été communiqué à Eugène Lefcburc. Il présente avec le texte définitif de si nombreuses variantes, qu’il faudrait le reproduire en entier. Il a bien pour titre : Trois poëmes en prose. C’est vers le même moment qu’ayant envoyé ses Trois poëmes à Théodore de Banville, eelui-ci lui répondait : « J’ai lu et relu vingt fois les belles pages que vous m’avez envoyées.Si je ne puis m’empêcher de voir que vous me louez mille fois trop et d’en être eonfus, je me rassure en songeant que je suis là seulement un prétexte, grâce auquel vous chantez d’une façon merveilleuse un des plus beaux aspects de notre chcre et sainte poésie. Baudelaire et Théophile Gautier sont exprimés avec un enthousiasme communicatif et avec un art profond (mais il y a là quelque chose de plus que l’art !) dans les deux poëmes qui leur sont consacrés. Tout cela m’a fait beaucoup de bien et m’a rendu très heureux. » Le 18 avril 1864, il devait n’y avoir qu’un de ees poëmes d’aehevé, car une lettre d’Emmanuel des Essarts dit à Mallarmé : « J’ai beaucoup aimé ton poëme et il me fait bien augurer des deux autres; beaucoup aussi la dédicaee à l'impuissance. C’est très original et très nouveau. » Après la publication dans ï Artiste, nous n’avons trouvé dans la correspondance du poëte aucune allusion à cette Symphonie