Aller au contenu

Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1613

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

P. 533. BERTHE MORISOT (1896.) Ces pages furent écrites pour servir de présentation au catalogue des œuvres de Berthe Morisot, réunies, un an après sa mort, au nombre de 400, à la galerie Durand-Ruel, du 5 au 23 mars 1896. Berthe Morisot, née le 15 janvier 1841 à Bourges où son père était préfet, avait travaillé la peinture d’abord chez Chocarne, puis avec Guichard qui eut une excellente influence sur son développement, et la recommanda à Corot avec qui elle étudia la peinture de plein air. Elle commença à exposer au Salon de 1864, et dès 1868 fit la connaissance d’Édouard Manet dont elle admirait déjà le talent. C’est chez les Manet que, quatre ou cinq ans plus tard, vers 1873, elle rencontra Mallarmé. Le 12 décembre 1874, elle épousait Eugène Manet, le frère du peintre et la même année participait, chez Nadar, à une exposition du groupe dit « des Impressionnistes ». En mars 1875 elle fit, avec Renoir, Manet et Sisley une vente de ses œuvres à l’Hôtel Drouot. A l’exception d’un séjour à l’ilc de Wight en 1875, et à Nice et en Italie en 1881, Berthe Morisot, au cours des années comprises entre 1873 et 1887, ne s’éloigna guère de Paris ou de ses environs. Elle venait de s’installer 40, rue de Villejust, lorsqu’Édouard Manet mourut (30 avril 1883). C’est dans leur appartement de cette maison, que Mallarmé répéta, pour un auditoire d’amis, le jeudi 27 février 1890, la conférence sur Villiers de l’Isle-Adam qu’il venait de faire dans plusieurs villes de Belgique. B. Morisot fit à Valvins, en fin d’été 189,, un séjour au cours duquel elle peignit, devant la maison de Mallarmé, une toile, I 'oi/iers sur /a rivière, qui appartint, depuis lors, au pocte, qui possédait de l’artiste une autre œuvre : Jeune fille cueillant des oranges (1889), passée, depuis la mort du poëte, aux États-Unis. En 1894, Mallarmé contribua grandement, par scs démarches, à l’acquisition par l’État de la Jeune femme en toilette de bal, peinte et exposée en 1880. La grande artiste mourait le 2 mars 1895. Au sujet de Berthe Morisot, voir : Monique Angoulevant, Berthe Morisot (1 vol. [s. d.], éditions Albert Morancé) et Foureau, Berthe Morisot (1 vol., Rieder, éd., Paris, 1925). Henri de Régnier, dans un article intitulé Sur Mallarmé, publié dans la Revue de France d’août 1923 et qui fait partie maintenant des Proses datées (Mercure de France, 1925) nous dit : « Mallarmé avait reporté beaucoup de son amitié et de son admiration pour Manet sur sa belle-sœur, Mme Eugène Manet, en art Berthe Morisot. Le grand salon-atelier de la rue de Villejust, avec scs beaux meubles Empire et les toiles de maître, parmi lesquelles le Linge de Manet, était un des lieux où Mallarmé sc plaisait le plus. Volontiers silencieuse, hautaine et énigmatique avec ses cheveux blancs, en sa froideur infiniment distinguée, Berthe Morisot était la femme la plus « intimidante » que j’aie