Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1614

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connue, mais cette extrême réserve se nuançait d’une grâce secrète et finissait par retenir. » Dans un autre recueil, postérieur, d’Henri de Régnier, Nos Rencontres {Mercure de France, 1951), on peut lire un autre aspect de ce souvenir de l’amitié de Mallarmé et de Berthc Morisot. Dans sa Bibliographie des Divagations, Mallarmé a noté : « Berthe Morisot servit de préface au Catalogue publié pour l’Expo-sition de l’Œuvre de ce maître — un des enchantements de l’an qui finit. » RICHARD W7AG NER RÊVERIE D’UN POÈTE FRANÇAIS J (Juillet 1885.) La lettre de Mallarmé à Édouard Dujardin, du dimanche 5 juillet 1885, donne ces précisions : « Ne me faites pas de reproches : je n’en mérite pas; j’ai passé les journées de jeudi et d’aujourd’hui sur l’étude que vous me demandez, moitié article, moitié pocme en prose et je ne suis point parvenu à l’achever. Jamais rien ne m’a semblé plus difficile. Songez donc, je suis malade, plus que jamais esclave. Je n’ai jamais rien vu de Wagner et je veux faire quelque chose d’original et de juste et qui ne soit pas à côté. Il me faut du temps. Je ne travaillerai pas à autre chose, vous avez ma parole, que ceci ne soit fini, et je vous l’enverrai dans le courant du mois pour la livraison d’août. Maintenant si vous n’étes pas content, vous êtes bien difficile. Je crois que cela s’intitulera : Richard Wagner. Rêverie d'unpoëte français. Annoncez-le, si vous voulez; à coup sûr. Votre main. — Stéphane Mallarmé. » Une autre lettre à Édouard Dujardin donne la date de l’achèvement de ce morceau : « Le billet envoyé autre part vous avertissait que vous auriez l’article le jeudi soir 23 de ce mois : j’aurais voulu le remettre mardi prochain mais je crains d’être dérangé le seul dimanche qui me reste. Comptez sur moi : environ cinq pages de la Revue. » ( Lettre du 17 juillet 1885.) L’ « article » fut assurément livré à cette date, car il parut quelques jours plus tard, dans la Revue Wagnérienne du 8 août 1885. Recueilli en son entier dans Pages (1891), il le fut fragmentaire-ment dans Vers et Prose (1893) et en entier, de nouveau, dans Divagations (1897). Henri de Régnier a rapporté dans un article daté de juin 1914 {Souvenirs wagnériens et qui a pris place p. 42 des Proses datées : Mercure de France, 1925) que lorsqu’il fut introduit chez Mallarmé, en 1886, et durant les années qui suivirent, Wagner et le wagnérisme y étaient un des sujets les plus habituels de la conversation. Il entendit souvent Mallarmé exprimer son sentiment sur le compositeur dont il ne connaissait l’œuvre, dit-il, que très fragmentaire-ment et en partie par les rapports que lui en firent des pèlerins