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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1628

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drais vous voir, de vous je voudrais serrer la main. Vous, vous comprenez tout. Vous avez compris celle qui s’est enfuie, et vous comprenez sans doute pourquoi je reste. « Pour moi, je ne comprends rien, sinon que Mallarmé m’aime et que nous aimons toujours Mallarmé. » Et cet autre billet, non daté, plus affectueux peut-être : « Je rentre et je vous écris ces deux mots, mon cher Mallarmé, sans autrement réfléchir aux conventions qui rappellent la vérité amère : il faut se méfier de la première pensée, elle est souvent la bonne. « Je traverse Paris et je rentre à Londres pour me retrouver seul et timide avec mon travail (qui m’en voudra peut-être de l’avoir quitté) et pour faire face riante et brave à mes ennemis. « Je suis enfin toujours seul — seul comme a dû l’être Edgar Poe, à qui vous m’avez trouvé d’une certaine ressemblance. Mais en vous quittant, il me semble dire adieu à un autre moi, — seul dans votre Art comme je le suis dans le mien, — et en vous serrant la main ce soir j’ai éprouvé le besoin de vous dire combien je me sens attiré vers vous, — combien je suis sensible à toutes les intimités de pensée que vous m’avez témoignées. » CONTES INDIENS (Paris-Valvins, 1893 ?) Ces quatre contes furent publiés, en 1927, par les soins du Dr Bonniot, en un volume, chez l’éditeur Carteret (cf. Bibliographie). Le second est suivi de cette indication : Texte revu par Stéphane Mallarmé ; les deux derniers portent : arrangé et récrit par Stéphane Mallarmé. Dans la préface dont il fit précéder ce recueil, le Dr Bonniot se demandait à quelles sources Mallarmé avait puisé; dans le Mercure de France du 15 novembre 1938, un article de M. C. Cuénot intitulé : l’Origine des Contes Indiens de Stéphane Mallarmé répondait, onze ans plus tard, à cette question en montrant que l’auteur des Contes indiens n’avait fait en somme que reprendre, en les modifiant, les Contes et Légendes de l’Inde ancienne de Mary Summer (Paris, Leroux, 1878). Vers 1892, le Dr Edmond Fournier se trouvait avec Stéphane Mallarmé chez leur amie commune Mme Méry Laurent. Il parcourait les Contes de Mary Summer auxquels il trouvait du charme, mais dont il déplorait le style. Mme Méry Laurent émit le souhait de les voir récrits par Mallarmé qui, ravi de faire plaisir à son hôtesse, emporta le petit volume dont il choisit les meilleurs contes et les récrivit à sa manière. Mary Summer se trouve donc être, vraisemblablement, la source unique de Mallarmé pour cet ouvrage.