Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/841

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un concert, magnifié par les magies du site et non une représentation (sauf le ballet) : c’est véritablement cette soirée de gala. Qui sait même si, pour bien produire la fleur de notre goût, l’Opéra-Comique, tellement riche en belles reprises depuis peu, ne pourrait pas et ne devrait pas (certes bien plus voisin du Grand-Opéra qu’il ne l’est des théâtres de l’Opéra-bouffe acclamé par la Mode) prêter au monument illustre un de ses actes : vieux, chanté par les générations, ou neuf, mis en scène avec plus d’ampleur encore ? Nous avons, imprudent, parlé de l’opéra-bouffe, qui s’appelle aussi l’opérette : forcément devaient à ce mot apparaître devant nos yeux, pour nous enlever à notre dissertation, et Judic, et Peschard et Alplionsine, sinon les Bouffes, les Variétés, la Renaissance! (cela fait trois noms de comédiennes échappés, par le fait de leur toute puissante séduction, à notre projet de n’écrire, au long de cette Causerie générale et faite pour embrasser l’un des aspects de la Saison, aucun titre spécial, même de pièce). Mais à quoi bon ? et pour quel chef d’une tribu reculée des mers polaires, encore vêtue de peaux de poisson, serait-il nécessaire de désigner davantage trois pièces rivales où règne ce trio divin ; maintenant que les grands-ducs eux-mêmes de la Russie qui y ont applaudi en connaissent les airs par les numéros? La scène qui donna une fille à Mme Angot, seule, malgré sa noble audace à faire affirmer cette vérité par Littolf que le génie est partout le génie, même dans la cascade et s’il chante la faridondaine ! à cette heure hésite entre des reprises, qui ne sont, à vrai dire, que les reprises de succès. Sans même hésiter, le Vaudeville va renoncer à sa vieille appellation que trouvera le français né malin, pour affronter, lui aussi, un genre qui, après tout, montrera peut-être au futur que le Français aurait également su mourir malin : et l’Athénée, à qui ça n’a point réussi de demander des vers aux poètes, attend pour rouvrir comme théâtre d’opérettes, les devises des bonbons servis à l’inauguration de l’édifice voisin, laquelle coïncide avec la nouvelle année. Pleurer de cet état de choses et en rire tout à la fois : je le fais. Quel mal à ces jeux ? pour le Drame historique ou bourgeois et pour la Comédie (à leur propos, j’omets, pardon! afin de les mieux signaler en notre Programme, les renouvellements d’affiches au Palais-Royal, à l'Ambigu, à Cluny), il restera bientôt trois ou quatre théâtres sérieux, stables, anciens. Y a-t-il plus de trois ou quatre pièces littéraires par année ? moi qui, de tout le théâtre contemporain, ne connais peut-être (avec Diane au Bois par Théodore de Banville) qu’une seule grande comédie, quasi héroïque, et tout à fait bouffonne, Tragaldabas, par Auguste Vacquerie! Bafouée, exaltée, célèbre et même inconnue, cette merveille de gaîté