Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/924

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naire général, ce n’est précisément qu’en évoquant la longue aventure, dans le passé, d’un parler déjà fait. Un peuple transplanté altère, sous l’action d’un autre climat, sa propre langue, ou vaincu, celle du conquérant : de ce changement en sort une nouvelle élaborée pendant un âge obscur. Telle, la formation naturelle ou populaire, mieux instinctive; mais, à cette vue exacte de la Philologie, l’èrc récente en ajoute une qui n’est pas moins vraie. Sans jamais inventer un nombre considérable de termes et le tirer de l’air ambiant, les lettrés de temps avancés (où sc perd la force créatrice et avec elle la tradition), recherchèrent dans l’idiome générateur mille vocables ; qu’ils en ont extrait de leur plein gré, d’après des règles factices. Dérivation, toute artificielle que celle-là, et si l’on veut savante; une renaissance des arts et des lettres ou même un vaste progrès de la science suffit à déterminer ce phénomène ignoré des temps antiques. Cependant est-ce tout; et n’apprendra-t-on pas un troisième mode de formation linguistique, intermédiaire entre ceux que je viens d’énoncer, l’un spontané et l’autre de seconde main : I’Introduction doit édifier le Lecteur sur ce point. Avant tout, où sommes-nous situés, pour étudier l’Anglais, nous autres Français ? Pas un des caractères propres aux autres langues, que ne possède l’Anglais : d’où sa philologie comporte un intérêt général; et qui dispense de beaucoup chercher au dehors. Ne semble-t-il point à première vue que, pour bien percevoir un idiome et l’embrasser dans son ensemble, il faille connaître tous ceux qui existent et ceux même qui ont existé; à moins qu’on ne l’examine de l’intérieur, comparant entre elles seules ses parties, ce qui peut conduire à trouver une ordonnance logique. Difficulté ici et là pour qui n’est pas doué d’un savoir universel, ou n’est pas anglais; or que faire ? Étudier simplement du Français l’Anglais, car il faut se tenir quelque part d’où jeter les yeux au delà; mais néanmoins vérifier auparavant si ce site d’observation est bon. Les rapports pouvant se rencontrer entre ces deux pariers, ou les différences, détermineront la justesse cl’une telle étude; or, c’est une fois le point de vue (qui s’affirme au cours de ces pages) éprouvé. Observation Lecteur, vous avez sous les yeux ceci, un écrit; dont l’enseignement est limité aux caractères propres à Vécrit, soit Y orthographe et le sens. Relativement à la prononciation, de deux cas l’un, on la possède; ou on la reçoit d’un maître ayant à proférer tout vocable anglais apparu dans ces pages, c’est-à-dire à le compléter. L’étude d’un langage étranger,