Page:Mallarmé - Notes sur le théâtre.djvu/41

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toute expression ; ou ce suspens de la ludicité devenu la larme sublimée de nos yeux.

Quelque impéritie chez le poëte ou défaillance, de ne point mettre à profit afin de se retirer dans l’extraordinaire silence de l’heure, ce sous-entendu, établi entre le besoin public et la fabrication, qui l’exclut.

Noter au gaz, mais sans trahir en de hâtifs discours la munificence versée.

Il fut, ce théâtre le seul où j’allais de mon gré, l’Éden, significatif de l’état d’aujourd’hui, avec son apothéotique résurrection italienne de danses offerte à notre vulgaire plaisir, tandis que par derrière attendait le monotone promenoir. Une lueur de faux cieux électrique baigna la récente foule, en vestons, à saccoche ; puis à travers l’exaltation par l’orchestre d’un imbécile or et de rires, arrêta sur la fulgurence de paillons ou de chairs l’irrémissible lassitude muette de ce qui n’est pas illuminé des feux d’abord de l’esprit. Parfois j’y considérai, au sursaut de l’archet, comme sur un coup de baguette légué de l’ancienne Féerie, quelque cohue multicolore et neutre en scène soudain se diaprer de graduels chatoiements ordonnée en un savant ballabile, effet véritablement rare et enchanté ; mais de tout cela et de l’éclaircie faite dans la manœuvre de masses par de subtils premiers sujets ! le mot restait aux finales quêteuses mornes de là-haut entraînant la sottise polyglotte éblouie par l’exhibition de moyens de beauté et pressée de dégorger cet éclair, vers quelque reddition de comptes simplificatrice : car la prostitution en ce lieu, et c’était là un signe esthétique, devant la satiété de mousselines et de nu abjura jusqu’à l’extravagance puérile de plumes et de la traîne ou le fard, pour ne triompher que par le fait sournois et brutal de sa présence là devant d’incomprises merveilles. Oui, je me retournais, à cause de ce cas flagrant assez pour occuper toute ma