Aller au contenu

Page:Mallarmé - Préface à Vathek.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par égards, ainsi que pour ne point paraître avoir attendu cent ans. Mieux que ceci faire violence au Temps, dont l’arrêt se revise mais d’abord ne se casse, siérait mal : convoquer le peuple des liseurs, l’intéresser, le séduire ! et si, une heure accueilli en raison de l’avidité ordinaire d’émotions même spirituelles, l’objet de nouveau tombait dans l’oubli cette fois conscient, irréparable, sûr. Le fantôme même d’un livre ne peut être inopportunément troublé. À l’aventure d’un nom agité par des vents de gloire, soudain voué au silence, ces huit ou dix feuilles légères de vétusté préfèrent l’ancien, solitaire, injuste sommeil, où elles évaporent leur charme dans un absolu certain : pourtant rien de beau ne doit éviter l’investigation. Ainsi, le thème ouï, éclata, sans un temps de réflexion (car c’était hésiter) mais jusqu’au bout perspicace, l’avis de mon excellent éditeur, M. Adolphe Labitte, libraire de la Bibliothèque Nationale, confident vrai des tomes et lettré ; puis bientôt ; Rien de plus curieux que ce dessein où, si quelque chose est à faire, c’est en tant que Curiosité, la fureur d’évocation, qui a lieu de-