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ques, mais elle offre des images et des mots qui choquent la bienséance… Que des enfants désirent la mort de leurs parents pour en hériter, cela ne s’est vu que chez les Romains, au temps de Plaute et de Térence. » Et s’il concède que la musique est agréable, il y découvre la main de Boïeldieu[1].

Pour leur pièce, les deux auteurs rêvent maintenant sinon un parterre de rois, au moins un public de diplomates. Le Congrès d’Aix-la-Chapelle se prépare : belle occasion d’ajouter la Sérénade à toutes les comédies qui s’y joueront. En attendant, après les émotions d’une première, le calme des champs : Sophie Gay s’installe à Villiers-sur-Orge avec sa fille Isaure. Elle récolte des foins superbes et considère avec satisfaction sa vigne qui « promet des vendanges fort belles ». Toutes deux se préparent à transporter leurs « petites puissances » au Congrès. Elle sait déjà que l’on étouffe à Aix tant il y a de monde. On fait de grands préparatifs de fêtes, « et Dieu sait combien les petites et grandes filles vont danser !… Je me serais très bien passée de tout ce vacarme, ajoute-t-elle, mais puisque j’y suis condamnée, je tâcherai d’en tirer parti, en observant les fils de toutes les grandes marionnettes. » Un mois après, elle se met en route[2].

Son mari et Delphine l’attendent, et sa nièce

  1. Hipp. Auger : Mémoires, p. 149. — La Quotidienne, 3 avril 1818. — Clément et Pierre Larousse : Dictionnaire des opéras, mis à jour par Pougin, Paris, sans date, in-8o, art. « Sérénade ».
  2. Lettre de Sophie Gay à Euphémie Enlart, 27 juin 1818, arch. Enlart.