Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hortense Allart, qui a déjà fait un séjour à Aix-la-Chapelle en 1815 ; depuis, elle a perdu son père. À Aix elle dévore la bibliothèque de son oncle, « tout ce qui se trouve là, de l’histoire et de la philosophie[1] ».

Les grands personnages arrivent l’un après l’autre : le prince Auguste de Prusse le 2 août, et Mme Récamier le 3. Le prince s’est jadis fiancé avec elle, à Coppet, bien qu’elle fût mariée. Chaque soir, il lui rend visite, escorté par un peloton de cavaliers porteurs de torches, qui stationnent à la porte. Sophie Gay connaît de longue date Mme Récamier dont le mari était un ami du sien ; ici, leur liaison devient plus intime. Elles s’inquiètent ensemble de la santé de Benjamin Constant qui s’est cassé la jambe, et lisent ses articles de la Minerve française qu’elles prêtent aux diplomates étrangers. Le prince de Prusse rappelle à Sophie Gay le vœu exprimé autrefois par Mme de Staël : voir un grand peintre représenter Corinne « dans un des moments où elle se livre à son inspiration poétique ». Il désire réaliser le vœu, et charger David d’exécuter le tableau. Sophie Gay prêche en vain en faveur de son ami le baron Gérard. Pour complaire au prince, Sigismond Gay écrit à David alors exilé à Bruxelles. Mais l’ancien conventionnel commet la maladresse de marchander d’une façon si peu digne, que Mme Récamier à son tour prend le parti de Gérard, à qui va la commande. Il peindra cette

  1. P. de Saman, les Enchantements de Prudence, p. 234. — L. Séché : Hortense Allart dans ses rapports avec Chateaubriand, Paris, 1908, in-8o, p. 45. — Manecy, Une Famille de Savoie, p. 17.