Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/150

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tableau représentant la bataille d’Austerlitz ? On ne peut s’empêcher de sourire autour de lui.

Sous l’Empire, on vivait « à gorge déployée » ; sous la Restauration, « on cache ses péchés ». Que de heurts dans ce monde où les changements de régime ont provoqué tant de lâchetés, de compromissions, où l’on s’allie sans hésiter à l’ennemi de la veille pour conserver un privilège !

Le mélange des rangs et des partis favorise l’adoption de la mode anglaise des raouts, réunions nombreuses hostiles à tout ce qui fait le charme et l’intérêt des cercles restreints où s’épanouissent la politesse raffinée, l’esprit aiguisé de la société française.

Elles sont socialement hors de cause, ces douairières du faubourg Saint-Germain, « paralysées de tout, hormis de la langue », qui ne quittent pas leur paravent, leurs chenets, leur bergère antique, leur chat familier, leur tabatière et leur bonbonnière ; elles exigent que quiconque est présenté à la cour se fasse ensuite présenter à elles. La marquise de Talaru s’obstine à porter les modes de l’ancienne cour, la coiffure que l’on admirait sur sa tête au temps du roi Louis XVI ; elle renouvelle pièce par pièce, rose par rose, pouf par pouf, les accessoires d’une toilette qui garde sa forme antique, tandis que le frais visage à qui tout cela jadis allait si bien s’est ridé, s’est flétri… contraste à la fois douloureux et comique. Une vieille dame se plaint que les jeunes hommes rendent leurs visites en pantalon et en bottes ; une jeune femme, — et non des moindres, la duchesse de Broglie, — se plaint des