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tions défilent, génération après génération. Sophie Gay les connaît pour la plupart. Le fidèle Ballanche, qui se casse de plus en plus, mais dont le bon sou rire trahit toujours la noble et belle intelligence, et le duc Mathieu de Montmorency, sont des plus intimes de la maison. Le jeune Sainte-Beuve vient deux ou trois fois par semaine. Une lecture doit elle avoir lieu ? On lance des invitations spéciales, car la cérémonie est toujours imposante. Combien de ces visiteurs ont noté le souvenir de leur visite ! Marceline Desbordes-Valmore envoie le sien à son mari ; il est exquis : « Tout ce que tu peux rêver d’affable, de tendre, de bon, de grâce, c’est Mme Récamier. Elle m’a embrassée dix fois, mais du cœur. Elle est simple… tiens, comme la bonté, car c’est tout dire. Elle a tout ensemble vingt ans et soixante ans, et ces deux âges lui vont bien. Elle touche le cœur.[1] »

Le peintre Gérard, un vieil ami que Sophie Gay connut peu après la Terreur, tient lui aussi un salon extrêmement fréquenté, et qui ne ressemble à aucun autre. Ancien juré au tribunal révolutionnaire, d’où lui restent quelques amis gênants, le voici maintenant professeur à l’école des Beaux Arts, membre de l’Institut, baron, officier de la

  1. Marceline Desbordes-Valmore : Correspondance intime, publiée par Benjamin Rivière, Paris, 1896, deux volumes in-8°, I, 44. — Beaumont-Vassy : Salons de Paris, p. 85, 93. — Comtesse de Bassanville : les Salons d’autrefois, Paris, 1863, quatre volumes in-18, II, 240. — Bouchot : le Luxe français sous la Restauration, p. 116. — Mme Cavaignac : Mémoires d’une inconnue (1780-1816, Paris, 1894, in-8°, p. 113. — Sainte-Beuve : Correspondance, I, 130 et Lundis, I, 434. — Turquan : Madame Récamier, p. 274. — A. Houssaye : les Confessions, II, 304. —- Magasin pittoresque, 1860, t. XVIII, p. 268.