Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mme de Chateaubriand. Cette fête ne valait pas celles de l’Empire que distinguaient tant de femmes si belles encore. Quand son mari était receveur général à Aix-la-Chapelle, elle effaçait par son luxe l’impé ratrice Joséphine, qui s’y arrêta en revenant de Plombières, à un tel point que l’empereur s’en montra blessé.

— Mais sous le Consulat, disait M. Thiers, quand tout renaissait, que vous étiez la brillante femme d’un agent de change, qu’on fêtait les jeunes vain queurs de l’Italie, quel entrain, n’est-ce pas, avec tant d’enthousiasme et d’espérances !

« Et Mme Gay d’abonder dans ce sens et de peindre l’ivresse d’un temps « où l’on ne voulait pour ses dangers que du plaisir et de la gloire » (ce sont ses expressions).

— Ce que je regrette de n’avoir pas vu, continuait le malin interlocuteur, ce sont les réceptions sous le Directoire, le bonheur de se retrouver, ce besoin de sociabilité, ces toilettes grecques, racontez moi donc cela.

« Et Mme Gay de parler de ce tourbillon de grandes dames déchues, de fournisseurs enrichis, de jacobins · corrigés, et enfin des soirées de Mme Tallien et de Mme de Beauharnais. M. Thiers de remonter la Révolution, demandant toujours des renseignements sur les scènes curieuses du monde des salons, quand Mme Gay s’aperçoit du piège, et s’écrie tout d’un coup :

— Et n’allez-vous pas me demander comment on s’habillait et on s’amusait au mariage de Marie Antoinette ? »