Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/175

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trement dévouée. Mais sa faculté dominante, la caractéristique de son rôle social, celle qui nous la rend prodigieusement intéressante à cause des natures d’élite sur lesquelles elle l’exerce, Coulmann l’a exactement précisée en une brève formule. Coulmann « jeune, avec du cœur, de l’âme, de l’esprit, de l’instruction et ce qu’il faut de fortune pour vivre indépendant… un peu auteur, pas trop », de très bon air et fort aimable, Coulmann, futur député de Strasbourg, qui pour le moment se contente de plaire dans le monde, de fréquenter les salons libéraux, et de se lier avec les Muses du temps tout en se gardant à carreau. Il l’a observée de près ; il a longuement correspondu avec elle, qui se livre franchement dans ses lettres, plus franche ment que lui et sans arrière-pensée : « Je ne sais pas plus me cacher que m’apprendre, écrit-elle ; la personne qui me regarde sans me voir et m’écoute sans me connaître ne me comprendra jamais. » Or, Coulmann a formulé sur elle ce jugement : Personne ne savait mieux développer les qualités que vous pouviez posséder, faire porter le rayon où il pouvait vous être favorable, faire épanouir la fleur du cœur ou de l’esprit. Elle est dans la société de son temps un ferment, une animatrice singulièrement bienfaisante au talent, voire au génie. Le seul fait qu’elle exerce une action sur Balzac mesure l’importance de ce rôle qui est le sien.

À Paris, comme autrefois à Aix-la-Chapelle, les soirs où l’on ne lit pas de vers, où l’on ne joue pas de musique, on assaisonne de saillies, d’anecdotes,