Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui désirait rester inconnue, et que la musique était de M. Paër[1]. »

Mme Hugo, dans son livre Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, dit que ce soir-là, Soumet entraîna Victor Hugo diner chez Mlle Duchesnois. Le matin même, le poète, en quête d’un confesseur en prévision de son mariage, avait été présenté à l’abbé de Fraissinous par l’abbé de Rohan, mais l’abbé de Fraissinous ne lui convint pas. On le désirait sans doute beaucoup chez Mlle Duchesnois, car en l’introduisant Soumet s’écrie :

— Le voici !

Avec Mlle Duchesnois, il y a là Mlle Leverd, toutes deux décolletées « à mi-corps », et Sophie Gay. Après le dîner, on se rend à l’Opéra-Comique. Les deux actrices se placent sur le devant de la loge, Hugo entre elles, et Sophie Gay derrière. Il paraît que la jeune célébrité du poète, son air grave et pudibond, les piquèrent au jeu. En le reconduisant, Soumet lui dit :

— Eh bien ! J’espère que voilà une bonne soirée ! La plus grande tragédienne, la plus vive comédienne et la femme la plus lettrée du temps n’ont eu d’yeux que pour vous. Peste ! Avec quelle ardeur Duchesnois et Leverd vous demandèrent en vous quittant quel jour vous viendriez les voir ! Voyons, chez laquelle allez-vous demain ?

— Demain, dit Victor, j’irai chez l’abbé Lamennais.

  1. Lettre de Sophie Gay à Euphémie Enlart, 3 avril 1821, arch. Enlart. — Clément et Pierre Larousse : Dictionnaire des Opéras. — Fétis : Biographie universelle des musiciens. — Journal des Débats, 31 mars 1821. — Miroir, 31 mars 1821.