Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/186

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si bien la même que, dit Sophie Gay, on ne sait à qui appartiennent les uns ou les autres[1].

Elle est, comme il convient à son âge, très entière dans ses opinions, et se passionne dans la discussion. Un jour, en l’absence de Sophie Gay, Mme O’Donnell, Delphine, Vatout, Froidefont de Bellisle et Frédéric Soulié causent. Vatout, intime de Casimir Delavigne, conte que ce dernier retouche son poème sur lord Byron. Et voici, notée, la con versation. Il est bon de se souvenir qu’avant peu, dans certains milieux, l’enthousiasme pour Casimir Delavigne équivaudra à un impardonnable brevet de cuistrerie.

« Delphine. — Je préfère de beaucoup la pièce de Guiraud. Il a, lui, senti, compris, aimé Byron.

» Vatout. — Mais il n’y a chez lui ni élévation, ni force, ni couleur. C’est une éloquente médiocrité que votre Guiraud.

» Delphine. — Je suis sûre que Casimir Delavigne en parle différemment, mais c’est lui-même qu’il faudrait entendre, car on lui prête souvent des discours qui, quand nous l’avons vu, étaient fort peu conformes. Ainsi vous m’avez soutenu l’autre jour, et Horace Vernet l’a répété, que parce qu’on lui avait préféré Soumet à l’Académie, il ne s’y présenterait pas ; qu’on l’avait traîné dans la boue. Jamais Casimir Delavigne n’a pu se croire traîné dans la boue parce que Soumet était nommé à sa place ; il m’a parlé de Soumet, et il m’a parlé de lui avec admiration ; il a plus d’esprit que ses amis.

  1. Coulmann : Réminiscences, I, 327 et s. — Solms : Madame de Girardin, p. 11.