Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/187

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» Vatout. — Je n’ai jamais dit, mademoiselle, que Soumet a été traîné dans la boue.

» Delphine. — Vous me l’avez dit positivement, j’ai bonne mémoire.

» Vatout. — Et mauvaise langue.

» Bellisle. — Mais, Delphine, je vous en prie, modérez-vous ; que diriez-vous si on écorchait votre enfant ?

» Delphine. — C’est que je ne puis entendre des injustices. J’ai dernièrement pris le parti de Casimir Delavigne ; dois-je entendre de sang-froid attaquer mes amis chez moi ?

» Vatout. — Vous me faites tenir un langage sur Soumet qui m’empêcherait de lui serrer la main s’il venait ici.

» Delphine. — Vous l’avez tenu ce langage. Je suis lasse d’entendre déraisonner. Il faut ne pas savoir ce que c’est que la poésie, pour ne pas apprécier Soumet. Ses vers sont frappés au coin de Racine ; ils me touchent, ils parlent au cœur et ne sont pas un vain clinquant. C’est de la grâce, de la sensibilité vraie ; je m’y connais, moi.

» Vatout. — Comparez donc ses succès à ceux de Casimir Delavigne.

» Mme  O’Donnell. — Delphine, mais est-ce qu’une demoiselle discute ainsi, s’emporte ainsi ?

» Bellisle. — Comment parlerez-vous quand vous aurez cinquante ans ? Vous prenez souvent un ton peu convenable, vous tranchez avec votre mère même ; vous ne vous doutez pas à quel point c’est choquant.

» Vatout. — C’est Mme de Genlis empereur, Mlle de Scudéry hors des gonds.