Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/191

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méditations, cette nouvelle primeur est hautement appréciée[1].

L’été suivant, le 24 août 1822, à deux heures et demie après-midi, l’Académie française entre en séance : en tête, le comte de Ségur, directeur, Laya, chancelier, et Raymond, secrétaire perpétuel. Une salle bondée, une assemblée brillante, surtout dans la première enceinte réservée aux dames. Sont-elles attirées par la nature du sujet du concours de poésie, « si bien approprié à la sensibilité naturelle à leur sexe » ? Ou bien le secret du concours a-t-il transpiré, et veulent-elles « par un mouvement d’amour-propre très légitime, prendre part au triomphe inaccoutumé d’une jeune personne de dix-sept ans » ? On chuchote : Villemain, élu l’année précédente, a rédigé un rapport, lu à la séance secrète qui précède la séance publique ; les juges ont pleuré en entendant une poésie dont ils ne connaissaient pas l’auteur…

La séance est ouverte. Le secrétaire perpétuel, après le rapport sur les prix de vertu, lit celui sur les prix d’éloquence, de prose et de poésie. Saintine avec une épître, Mennechet avec une ode sur la Restauration des lettres et des arts sous François Ier, emportent le prix ; Malitourne et Patin se partagent celui d’éloquence dont le sujet est un Éloge de Le Sage. Et ces différents partages inspirent au Journal des Débats cette observation : « Voilà matière à réflexion pour ceux qui connaissent les lois de l’é-

  1. A. Bardoux : Madame de Custine, p. 341. — Mme Récamier : Souvenirs et Correspondances, publiés par Mme Lenormant, Paris, 1859, deux volumes in-8e, I, 329.