Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/193

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s’avance au milieu d’un concert de murmures flatteurs.

Toute la presse retentit de son nom. Le Journal des Débats, la Quotidienne publient son éloge. Le Moniteur dit que la lecture de ses vers « a produit un effet difficile à décrire… Cette séance doit être comptée au nombre de celles où le mérite des productions couronnées s’est trouvé le mieux en proportion de l’intérêt des sujets donnés au concours ». Une note de bas de page ajoute : « La pièce de vers de Mlle Delphine Gay sur le dévouement des médecins français et des sœurs de Sainte-Camille dans la peste de Barcelone, paraîtra lundi, chez Ambroise Tardieu, rue du Battoir, n° 14, et chez les libraires du Palais-Royal. Prix : 75 centimes ». La nomenclature des poètes lauréats de l’Académie française, de Biré et Guiraud, prétend qu’elle a déployé à elle seule plus de talent que tous ses rivaux ensemble. Elle reçoit des lettres enthousiastes de Roger, le grand électeur de l’Académie, qui insiste sur ce qu’à la séance secrète son succès ne fut dû qu’à la séduction de son talent, et n’a rien emprunté aux charmes de sa personne ; de Guiraud, qui l’accuse de disposer de paroles magiques, « car il le fallait bien pour séduire des oreilles d’Académie » ; de Soumet, qui lui annonce avoir lu son poème à Jacques Deschamps de Saint-Amand, le père d’Émile et d’Antony Deschamps : vieillard de plus de quatre-vingts ans, il conserve une étonnante fraîcheur d’impressions ; il réunit dans son salon un groupe de jeunes littérateurs qui commencent à révolutionner les lettres ; il a pleuré d’attendrissement et de joie ; « de toute