Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/194

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la jeune littérature, écrit Soumet, vous êtes le seul poète qui trouve grâce à ses yeux, et il pardonne presque à la barbarie du siècle présent en faveur de tant de jeunesse, de talent et de sensibilité ».

La reine Hortense, à qui Sophie Gay prête parfois l’appui de son inspiration musicale, fait demander à Delphine par Le Bas, précepteur du prince Louis, les paroles d’une romance pour les mettre en musique. De Londres, Chateaubriand envoie ses félicitations ; sa lettre ne parvient pas à son adresse ; il l’apprend par Mme Récamier, et griffonne aussitôt un nouveau billet : « Je sais pourquoi vous dites si bien les vers : vous parlez votre langue ». Un retard de cinq mois n’enlève au compliment rien de sa valeur.

Si ce concert d’éloges flatte l’amour-propre de celle qui en est l’objet, il n’y paraît pas. Elle a le succès « fort humble et fort gentil ; elle dit sur sa renommée académique des folies qui vous feraient mourir de rire en dépit de soi ». En quoi elle est bien elle-même. Mais de toutes les lettres reçues, celle-ci va droit à son cœur : « Aix-la-Chapelle, 31 août 1822. J’ai éprouvé, ma chère enfant, un chagrin bien amer en n’assistant pas au triomphe dont tu viens d’être l’objet, mais mon attendrissement au récit de ton beau-frère n’en a pas été moins vif. Le sentiment dont il était pénétré a passé dans mon âme, et j’ai pleuré comme si j’eusse été témoin ; ta tante et ta sœur ont partagé l’émotion, et nous avons été aussi bêtes les uns que les autres. Ma satisfaction dans cette circonstance est d’autant plus vive que je ne doute pas de l’heureuse influence qu’elle exercera sur l’esprit de ta mère en lui ren-