Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dant le courage et l’espérance. Nous te devons d’autant plus, ma chère Delphine, de nous procurer de semblables jouissances, que, très maltraités par la fortune, tu nous en procures que tous les millions de la terre ne sauraient donner. Nous avons lu avec avidité le récit des journaux relatif à la mémorable séance. L’article de Mély-Janin nous a paru le mieux. Je t’envoie celui du Nouvelliste d’Aix-la-Chapelle publié ce matin ; voilà la ville de Charlemagne pour jamais intéressée à tes succès, et la postérité, pour connaître le lieu de ta naissance, n’éprouvera pas la cruelle incertitude qui a si fort tourmenté les commentateurs d’Homère ; « on ne s’attendait guère à voir Ulysse en cette affaire ». Je sais un gré infini à mon bon ami Duval de s’être chargé de lire tes vers, et en lui écrivant, comme ta mère le désire, je suivrai l’impulsion de mon cœur. Il est bien démontré aujourd’hui que si tu avais traité le sujet dans son entier, tu aurais obtenu sinon le premier prix, du moins la seconde place. Tu prouveras encore mieux cette vérité à la première occasion, en effaçant tous tes concurrents. Nous disions hier que tu vas servir d’exemple à toutes les demoiselles qui savent un peu écrire, qu’au premier concours il y aura un numéro douze ou quinze cents, tant l’émulation sera grande, et qu’alors au lieu de te savoir gré on te maudira. En attendant, moque-toi des envieux, continue ton vol, et reste persuadée que le premier succès est le plus difficile. Je te dirai que ta mère a un admirateur des plus flatteurs pour elle : c’est Gœthe, l’auteur de Werther. J’ai vu ici une dame qui est très liée avec