Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/196

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lui, qui m’a assuré qu’il avait la collection de ses œuvres, et qu’il regardait Anatole comme l’ouvrage le mieux écrit et le plus rempli d’idées fines, spirituelles, d’aperçus profonds, de connaissance du cœur humain, qui ait été imprimé depuis vingt-cinq ans, époque, ajoute-t-il, d’autant plus honorable que plusieurs femmes distinguées ont exercé leur plume. Cette dame m’a supplié de lui donner un Chevalier, en m’assurant qu’avant douze jours il serait dans les mains de Gœthe, ce que je n’ai pas cru devoir refuser, persuadé que je serais approuvé. Je suis sûr que dans le monde tu as déjà un Gœthe qui te suit des yeux et t’attend au deuxième triomphe, qu’il arrive donc ! Isaure nous a lu une boutade de ta façon sur « le Bonheur d’être belle » aujourd’hui. Si je faisais des vers, la mienne aurait pour titre : « le Bonheur d’être père ». Crois, mon enfant, que j’apprécie cette jouissance, et que jamais rien de ce qui sera grand, beau, généreux, élevé, ne me surprendra de ta part, tant il est dans ta nature d’être distinguée et noble. Si l’affection est en raison des motifs qui l’inspirent, tu dois juger de l’étendue de celle que te porte le meilleur des pères[1]. »

Cette lettre charmante déborde de tendresse et de

  1. Journal des Débats, 31 juillet et 26 août 1822. — Quotidienne, 25 août 1822. — Moniteur, 1822, p. 1251. — Biré et Guiraud : les Poètes lauréats de l’Académie française, Paris, 1864, deux volumes in-18, l,311. — L. Séché : le Cénacle de la Muse française, p. 182-188. — Henri Girard : Émile Deschamps, p. 27. — Stéphane-Pol : la Jeunesse de Napoléon III, correspondance inédite de son précepteur Philippe Le Bas, Paris, sans date, in-8°, p. 119. — Coulmann : Réminiscences, II, 125. — Delphine Gay : Essais poétiques, p. 29. — Lettre de Sigismond Gay à Delphine, 31 août 1822, arch. Détroyat.