Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/198

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par un homme de ce mérite, et ma fierté maternelle n’a pu se refuser cette petite jouissance. » La cérémonie a lieu… et le départ est encore reculé. Au dernier moment, les passeports font défaut ; il faut surmonter « des difficultés imbéciles ».

Ces difficultés, la police de la Restauration les suscite. Elle a fort à faire, la police de la Restauration, et elle se donne beaucoup de mal pour remplir sa mission ! À peine est-il bruit que Sophie Gay doit se rendre dans le Midi, qu’une mouche le recueille, et le fixe sur le papier. « 27 juin 1822. On vient d’apprendre que M" Sophie Gay était il y a peu de jours à Bordeaux, d’où elle doit se rendre aux eaux de Bagnères après avoir parcouru néanmoins plusieurs villes du Midi, qui ne sont point sur la route de Bordeaux à Bagnères. C’est chez Mme Gay à Paris que se réunissent un grand nombre d’individus connus par leur haine du gouvernement. Mme Gay a été longtemps attachée à plusieurs polices, à celle du Directoire ainsi qu’à celle de Bonaparte ; elle est l’amie d’un certain Froidefont de Bellisle actuellement dans une grande intimité avec M. le duc de Choiseul, Doulcet de Pontécoulant, le général Maison et autres gens de cette espèce. Elle est aussi très liée avec le duc d’Alberg. D’après des données particulières, on a lieu de soupçonner que Mme Gay pourrait bien voyager dans ce moment pour le compte du Comité directeur [du parti libéral], comme elle a voyagé autrefois pour le Directoire et pour Fouché. On croit qu’il serait important de surveiller ses démarches de très près ».

Voilà qui est grave ! Le directeur de la Sûreté