Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/273

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Elle fréquente chez la duchesse de Saint-Leu, qui passe une partie de l’hiver à Rome dans la villa Paolina, avec le prince Louis et son précepteur Philippe Le Bas. Le prince a dix-huit ans. Delphine l’entend répéter souvent que toute son ambition serait de porter l’uniforme français. Le soir où l’on apprend la mort de Talma, chacun déplore cette perte et rappelle le rôle où il a vu Talma pour la dernière fois. Le prince frappe du pied avec impatience, et s’écrie, les larmes aux yeux :

— Quand je pense que je suis Français, et que je n’ai jamais vu jouer Talma !

En février, le prince Louis était à Florence, et, par l’intermédiaire d’une dame que Lamartine connaissait, cherchait à rencontrer chez elle notre chargé d’affaires. Lamartine se retrancha sur son caractère diplomatique pour ne pas se rendre à l’invitation. Il définit le prince Louis à son ministre comme « un jeune homme de belle tournure, d’esprit distingué, d’une éducation parfaite ». le prince n’a plus aucune prétention à la grandeur. « D’ailleurs cette famille est pour la France un objet de curiosité plutôt que d’inquiétude », dit le poète.

Grand ricevimento chez l’ambassadeur du roi des Pays-Bas auprès du Saint-Siège : Delphine se rappellera toujours l’apparition de la princesse Doria, « grande et brune romaine aux traits réguliers, aux regards imposants, digne de Rome antique par la noblesse de sa démarche et la fierté de son caractère, digne de Rome sainte par sa bonté charitable et l’ardeur de sa piété ». La princesse est couverte de diamants, dont le plus beau, le Doria, est un