Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/294

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élégie de sa façon. L’élégie n’eut pas le succès des stances de la Muse, mais ce n’est pas dans cette direction que le grand jeune homme mince et crépu du portrait de Devéria doit trouver sa voie. En attendant, il se prend pour Delphine d’une amitié sentimentale qui lui inspirera un jour une bien jolie lettre.

Elle a fait aussi la connaissance de Balzac, à peu près sûrement par Latouche. Auparavant, elle l’a sans doute rencontré chez Gérard. Balzac, en mars 1828, s’est réfugié chez Latouche rue de Tournon, Latouche auquel il doit de l’argent et qui l’engage à venir, même s’il ne peut le rembourser, pour cette raison : « J’aime encore mieux vos rires que tout ». Et encore : « Venez, avec ou sans chef d’œuvre ; je n’ai pas ri depuis votre départ ». Et ce découvreur de talents fait les frais du Dernier Chouan que Balzac vient d’écrire. Sophie Gay, habile à discerner les talents naissants, ouvre au débutant son salon ; il s’y lie avec la duchesse d’Abrantès et le grincheux Philarète Chasles. Ce gros garçon exubérant et gai, brillant causeur tôt mis en verve par le bruit et les lumières, assez mal tenu de sa personne, toujours prêt à faire éclater des vêtements trop étroits pour son corps trop puissant, et dont les gros souliers laissent à chaque pas qu’il fait une empreinte dans les tapis, devait s’entendre à merveille avec Sophie Gay, comme lui exubérante et gaie, avec Delphine, avec Mme O’Donnell, un trio de femmes spirituelles, rieuses, et ne craignant pas les histoires salées qu’il conte volontiers. Bien vite, il se plaît à venir le soir, au coin du feu, leur lire dans l’inti-