Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/295

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mité quelque conte nouvellement éclos. À peine invite-t-on un ou deux amis, tels le comte et la comtesse Jules de Rességuier, avec qui Sophie Gay s’est étroitement liée. Au coin du feu, sans faste, avec de vieux amis, les succès de l’esprit étaient les seuls permis, a dit Delphine dans son poème de Napoline. Et puis, Balzac a découvert un avantage à fréquenter l’ancienne merveilleuse : par elle, il se documente. Elle le fournit d’anecdotes. Il la vide de tous les renseignements qu’il en peut tirer sur le Directoire, comme il fera de la duchesse d’Abrantès pour la période de l’Empire, et de la duchesse de Castries pour la première Restauration. Et ce milieu-là n’est pas étranger à l’élaboration de la Physiologie du mariage.

Ce coin du feu où Sophie convie Balzac à lire ses contes et Rességuier ses poésies, Belmontet y lit l’Enfant du château, et Frédéric Soulié des vers ; ce dernier est assez difficile à atteindre : « Je l’ai fait chercher de porte en porte dans ma rue où il prétend demeurer, on n’a pu le trouver ». Il est vrai que Sophie Gay persiste à l’orthographier : Soulier.

Delphine envisage la possibilité d’aborder le théâtre, comme fit sa mère, avec le concours d’un musicien. Elle adresse à Auber cette discrète invite : « Ô Déjanire ! La tienne était de glace en comparaison de celle que je reçois ! Que ne puis-je couvrir tous ces papiers de vers dignes des chants du bienfaiteur ! Mais ce bienfaiteur adorable ne viendra-t-il pas bientôt chercher la prose de mes remerciements ? » En post-scriptum : « Je vous écris toutes ces bêtises pour vous prouver que je suis en état