Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/296

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de faire un opéra ». Elle n’en fit pas, et fit mieux. Et les hommages des poètes continuent à monter jusqu’à elle. Tandis que sa mère a renoué avec Rességuier la conversation commencée d’Italie au sujet des Jeux floraux et qui n’aboutit pas, l’aimable poète insère dans le recueil de ses Tableaux poétiques, paru en 1828, cet hymne d’actions de grâce et d’adoration d’une frappe sonore et pure. L’épigraphe est tirée des vers de Belmontet que nous connaissons déjà, et l’éloge rebondit d’un poète à l’autre.

    Homère en la voyant, Homère aurait chanté ;
    Raphaël à la toile eût appris sa beauté.
    Maintenant nos pinceaux, nos vers sont inhabiles.
    Ils ne sauraient fixer des traits aussi mobiles,
    Et l’on peindrait plutôt les doux rayons des cieux
    Que les rayons plus doux qui tombent de ses yeux.

    Le vague enchantement du bruit lointain des lyres,
    L’ivresse des parfums, le charme des sourires,
    Le premier sentiment qu’un mot nous révéla,
    C’est Delphine… Chactas l’eût nommée Atala.

    Son âme est un secret d’amour et d’harmonie ;
    Son esprit vif et prompt a l’élan du génie ;
    Elle comprend la gloire, elle aime son danger ;
    La gloire est un péril qu’elle peut partager.

    Avec ravissement elle a vu la tempête,
    Les vents impétueux ont sifflé sur sa tête,
    Et, de braver l’orage éprouvant le besoin,
    Elle a dit au pilote : il faut aller plus loin !

    Et dès que le Zéphir la ramène au village,
    On la voit se courber sur la roche sauvage,
    Et jeter, en riant, dans les flots azurés,
    Des coquilles de nacre et des cailloux dorés.