Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/297

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    De la terre et du ciel c’est un divin mélange ;
    Tantôt comme la femme et tantôt comme l’ange,
    Elle peut soutenir le vif éclat des cieux,
    Et nos faibles regards lui font baisser les yeux.
    Voyageuse ici-bas, céleste passagère,
    Elle n’a de nos maux qu’une atteinte légère ;
    Comme une douce pluie aux beaux jours du printemps,
    Les pleurs dans ses beaux yeux ne restent pas longtemps !
    Elle chante ! et l’écho des pieuses enceintes
    Ajoute un nom de plus au nom des Muses saintes ;
    Et rêvant de triomphe et d’immortalité,
    On nomme avec orgueil cette jeune beauté,
    Qui, sur sa lyre d’or ou sa harpe d’ébène,
    Fait sourire l’amour ou pleurer Madeleine.

À son tour, Édouard d’Anglemont, que nous avons vu au frontispice d’un de ses livres tenant d’une main sa lyre et de l’autre sa tasse de chocolat, dédie à Delphine le Mont Saint-Michel, une des légendes de son recueil paru en 1829, et qu’il fait d’abord insérer dans le Voleur. Peu s’en faut qu’elle n’obtienne alors une dédicace de l’un des hommes les plus populaires, de l’homme du jour à la fin de la Restauration : Béranger. Lorsque, condamné à neuf mois de prison et dix mille francs d’amende le 10 décembre 1828 pour ses chansons l’Ange gardien, la Gérontocratie et le Sacre de Charles le Simple, il subit sa peine à la Force, c’est à qui s’inscrira chez le préfet de Police pour aller le voir dans sa prison. Delphine charge Froidefont de Bellisle de porter un de ses recueils de vers à l’illustre chansonnier ; il fait savoir qu’ils ont distrait un moment les ennuis de sa captivité : « Si je pouvais le croire,