Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/302

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il l’a recopié sur papier anglais à grandes marges pour l’envoyer officiellement… mais il l’a lu à des amis : ils lui ont conseillé de le garder secret ; le sachant adressé « à une jeune et belle personne » comme elle, le public pourrait mettre sur le compte de sentiments personnels ce qui n’est que de l’admiration poétique. Les stances en question sont cependant bien pures de toute méchante interprétation : il l’en fera juge lorsque tous deux se reverront.

Delphine a toutes raisons d’attendre à bref délai la visite de Lamartine à Paris. Il s’est présenté à l’Académie française le 2 décembre 1824 ; il a été battu par Droz. Le comte Daru étant mort le 5 septembre 1829, il pose à nouveau sa candidature, mais ne bouge pas de son château de Montculot, près de Dijon. Il ne veut pas faire deux cents lieues pour risquer un second soufflet, écrit-il. Il sollicite par lettre ses amis, et aussi ses amies : Brifaut, Villemain, Mme Amable Tastu en donnant comme prétexte que son père, qui a soixante-dix-sept ans et qui est de l’ancien régime, considère un fauteuil académique comme l’apogée de la gloire humaine. Que Sophie Gay ait intrigué en sa faveur, on n’en doute pas, bien qu’aucune lettre ne se soit encore rencontrée pour le prouver. Les autres candidats sont le duc de Bassano, et Philippe de Ségur. Bas sano se retire, et Lamartine est élu par dix-neuf voix contre quatorze à son concurrent. Il vient à Paris en novembre : la mort de sa mère le rappelle aussitôt en Bourgogne.

Ce qu’il a dit de ses vers à Delphine augmente d’autant plus la curiosité de la jeune fille. Elle les