Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/303

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réclame encore le 6 janvier 1830 : « Je n’ose vous demander les vers que je désire tant. Je voudrais que ce fût une consolation pour vous que de causer un si grand plaisir. Après de vifs chagrins, on n’est guère sensible qu’au bonheur qu’on donne. Cela ne vous donnera-t-il pas le courage de me les envoyer ? J’en serais si heureuse. Ils m’aideraient à supporter tant de regrets et tant de plaisirs qui m’ennuient. Envoyez-moi de grâce un mot qui nous apprenne que vous pensez encore à nous. »

Il est malade, accablé d’affaires : « Je suis si triste que je ne vous inspirerais que tristesse ; et vous-même, je ne vous crois pas heureuse. Je serai bien heureux le jour où vous m’écrirez : « Je suis heureuse ». Il vient d’écrire l’éloge de son prédécesseur le comte Daru : « C’est détestable, comme ce qu’on écrit de commande, quand on a envie de pleurer plus que d’écrire ».

L’Académie française le reçoit le 1er  avril 1830. Sans doute à ce moment Delphine lit-elle enfin les beaux vers qu’il a écrits pour elle, et qui ne portent d’autre titre que la dédicace : « À mademoiselle Delphine Gay ». Ils sont insérés dans le volume des Poésies diverses, à la suite des Recueillements poétiques.

Les séances de réception à l’Académie française sont fort courues. Pour y assister, on doit faire la queue et prendre son rang en personne. Il arrive que des dames adorablement habillées et jolies doivent quitter la place, faute de dénicher un coin où se loger. En pareil cas, on a vu un académicien se déranger pour chercher une chaise à Delphine Gay. La réception de Lamartine fait évé-