Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/43

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labe[1]. Elle rit aux mystifications de Musson, rapin mué en Lemice-Terrieux, qui égaie ses contemporains jusqu’à ce qu’un timon de voiture l’écrase sous la porte cochère de l’hôtel des Hainguerlot, où on l’attendait pour quelque farce mirifique. Elle assiste aux séances de la Convention, puis du Conseil des Cinq-Cents ; elle en saisit les ridicules, et les note. Elle assiste en bonne place à la cérémonie du retour des drapeaux d’Italie, et aux réceptions du Directoire.

Les plus spirituelles, les plus belles, les plus élégantes parmi les Merveilleuses ouvrent leurs salons. Autour de ces déesses, la société française se reforme. Elle y tend naturellement. Ses meilleures traditions ne se sont pas perdues. La Révolution, « si féroce chez le peuple, si burlesque chez les parvenus », n’altère en rien la politesse exquise, le respect des vieux usages qui distinguent les gens « comme il faut ». Le bon ton devient le signe distinctif d’une franc-maçonnerie grâce à laquelle les grands seigneurs en carmagnole se reconnaissent. Le besoin d’oublier les dangers courus, les tourments soufferts, est un puissant conciliateur. Les gens les plus opposés d’opinions, d’intérêts, d’habitudes, se réunissent avec empressement, se supportent sans impatience. Mais après la pauvreté générale du début, qui égalisait tout, la fortune des parvenus devient un motif de combats ridicules entre l’orgueil féodal et la vanité financière. Ceux que la Révolu-

  1. H. Bouchot : le Luxe français sous l’Empire, Paris, 1882, in-18, p. 5. — H. Fleischmann : Dessous de princesses et maréchales d’Empire, Paris, 1909, in-16, p. 59.