Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentences républicaines que l’on débite ce soir-là sur l’horreur du pouvoir absolu, devant celui qui va si prochainement s’en saisir.

Cette période du Directoire lui laisse dans l’esprit, et même dans l’allure, des traces ineffaçables. Sainte-Beuve le remarque justement : ses souvenirs les plus vifs datent des bulletins de l’armée d’Italie[1]. La danse, la musique, le théâtre, les réceptions mondaines où elle coudoie les personnes les plus en vue de ce temps, lui composent une existence unissant les plaisirs à un intérêt passionnant.

Malheureusement, cette médaille a son revers. La jeune femme laisse l’argent couler facilement entre ses doigts : son vieux mari, qui jadis avança des sommes assez rondelettes à sa belle-mère, tient serrés les cordons de la bourse. Il donne libre cours à ce caractère peu commode qui l’incitera par la suite à intenter procès sur procès aux gens avec lesquels il entrera en contact. La vie du ménage devient de plus en plus difficile. Un beau jour, en 1799, elle se rompt. Sophie de La Valette reprend son nom et sa liberté. Elle conserve l’éducation de ses enfants. Elle ne tardera pas à se remarier, mais cette fois avec un homme dont elle a dit : « Il n’en est pas de plus selon moi que lui ». Il lui donnera le nom sous lequel elle passera à la postérité.

De huit ans plus âgé qu’elle, Jean-Sigismond Gay était né à Lyon le 9 février 1768. Son grand-père,

  1. Notes manuscrites de Sainte-Beuve. Lov., D, 1992, f° 137.