Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/94

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« Il a été tué à l’une de nos victoires », dit-elle[1].

L’impératrice a fait une allusion à Mme Tallien ; pour en parler plus à son aise, elle engage Sophie Gay à lui demander une audience. La jeune femme retrouve là Mme de Beauharnais dans sa simplicité et sa bienveillance. Joséphine parle de Thérésia : l’empereur ne lui pardonne pas d’avoir dédaigné le grand rôle qu’elle était appelée à jouer après avoir délivré la France de Robespierre. « Bonaparte en veut à tous ceux qui manquent leur destinée. » Pourtant, il n’oublie pas les services qu’elle leur rendit à tous deux autrefois. Il est plus sensible et reconnaissant qu’on ne croit.

La conversation saute aux souvenirs de la Malmaison. Méhul, Ducis et Népomucène Lemercier, des habitués que Joséphine aimait, l’ont abandonnée ; les deux derniers viennent de renvoyer à l’empereur la croix de la Légion d’honneur ; elle les blâme. Puis elle revient à M" Tallien en regardant, comme dans les comédies, si personne n’écoutait.

— Il faut que vous engagiez Thérésia à rompre ses rapports d’amitié avec Ouvrard. Bonaparte le croit un de ses plus grands ennemis ; c’est là, à vous dire vrai, l’unique cause de son animosité contre elle. Tâchez d’obtenir ce sacrifice, et je suis sûre qu’il lui rendra son ancienne affection et me permettra de la revoir comme autrefois.

Commission pénible, sans aucune chance de succès.

— N’importe ! promettez-moi de l’engager à suivre

  1. L’adjudant qui commanda le feu s’appelait Pelé ; le lieutenant, Noirot. — Nougarède de Fayet : le Duc d’Enghien, Paris, sans date, in-18, p. 201.